AVRIL ET LE MONDE TRUQUE – LA FICTION EN AVANCE SUR LA REALITE

Une fusée décolle. Sa mission : exploser dans l’espace pour que les spores imbibées d’un sérum d’invulnérabilité puissent se déposer sur la Lune et les planètes les plus proches de la Terre. Son objectif : permettre de créer de la végétation afin de viabiliser ces nouveaux territoires. La raison : la Terre est trop polluée ! Ce plan est celui des plus grands savants du début de XXème siècle, capturés par des varans et enfermés dans une cachette secrète. Avril et le monde truqué imagine un monde caché sous Terre dans lequel les génies scientifiques (Einstein, Fermi, Hertz…) mettent leur savoir en commun. Tandis que le monde du dessus est archaïque –  puisque resté bloqué en 1870, celui des varans est futuriste. La majeure partie du film se déroule en 1941 et ce laboratoire géant est très nettement en avance sur l’état scientifique de la société réelle. On trouve, par exemple, des GPS, des systèmes de vidéoconférences qui ne sont apparus chez nous que bien plus tard. Certaines inventions aperçues n’existent toujours pas. C’est le cas des lasers servant à la fois d’armes et de barreaux de prison ou du pilotage à distance des avions, eux-mêmes tout électrique… Ces dernières inventions sont aujourd’hui au cœur des recherches scientifiques et industrielles mais les formes qu’elles prennent ne sont pas aussi abouties. Les drones fonctionnent mais ne permettent pas de voler avec des passagers. Quant aux moteurs électriques, ils apparaissent de plus en plus sur les voitures. Toutefois, l’autonomie, relativement faible, des batteries ne permet pas encore de faire voler un avion sur des centaines de kilomètres. Aussi, les varans et leurs scientifiques sont même en avance sur notre époque. Les scénaristes et réalisateurs du film parviennent par ce récit de science-fiction, situé dans le passé, à parler d’une problématique réelle et contemporaine

 

Les savants et les varans ont donc, comme plan ultime, de lancer cette fusée. Il semble plus commode pour eux de rendre possible la vie sur Mars ou sur la Lune que de dépolluer la Terre. Le mot « Fin », qui apparaît sur la boule à neige au dernier plan du film, est bien pessimiste. La boule, ronde et bleue, représente notre Terre. Le sens de ce mot, son emplacement dans le plan auquel s’ajoute le visage catastrophé de l’ancêtre d’Avril qui regarde les spectateurs avec la même expression qu’il faisait avant que son laboratoire n’explose est assez claire. Si, ce qui n’est encore que la fiction du film devient réalité, alors l’issue pourrait être fatale pour la vie sur Terre.

Les recherches actuelles de certains scientifiques du monde entier ne peuvent que corroborer ce rapprochement entre fiction et réalité.

De nos jours, nous pouvons assister à la naissance de projets visant sérieusement à coloniser d’autres planètes de notre système solaire. Si l’on se souvient du premier pas de l’homme sur la lune en 1969 lors de la mission Apollo 11, cette fois, l’homme a décidé de fouler le sol martien. Avec le projet Mars One, la Nasa et la société SpaceX envisagent de créer une station spatiale sur la planète rouge dans le but d’y faire des recherches scientifiques sur les possibles vies extra-terrestres (après la découverte de fleuves souterrains) ainsi que d’y faire vivre les hommes ! Des simulations sont déjà en cours dans l’Utah aux Etats-Unis avec l’entreprise Mars Society pour entraîner les futurs astronautes aux conditions de vies martiennes, comme l’isolement des cobayes, le port des lourdes combinaisons…

Ci-dessus, deux véhicules inventés dans Avril et le monde truqué sont équipés de « pattes d’araignée ». Ci-dessous, la sonde israélienne Beresheet et ses « pattes d’araignée ».

 

Cependant les enjeux climatiques semblent accélérer les projets de colonisation spatiale. Des scientifiques chinois ont récemment envoyé un module d’exploration sur la Lune afin d’envisager la possible exploitation de ses ressources en l’occurrence l’hélium 3, carburant idéal de la fission nucléaire qui est l’énergie principale des vaisseaux spatiaux). Surtout, ils ont tenté de faire pousser des végétaux…

Graine de coton à bord de la sonde chinoise Chang’e-4, le 3 janvier 2019.

De nouveaux états (Chine, Israël…) s’intéressent à la conquête spatiale, tout comme des groupes privés (Google, Tesla…). Les Etats-Unis programment également, dès 2024 un gigantesque plan lunaire. Il s’agit des missions Artémis, celles-ci visent à envoyer un groupe de femmes et d’hommes sur la Lune et de les y laisser. La construction de modules permettant l’extraction de l’eau, de l’oxygène et de l’hydrogène est aussi programmée. Cette occupation de la Lune n’est que le point de départ de la colonisation de Mars. Jim Briedenstine, administrateur de la Nasa, avoue même l’un des objectifs : «  Le but est d’aller vite … notre but final est d’aller sur Mars, et non d’être coincé sur la Lune ».

Cette urgence et l’attrait des groupes privés pour de telles recherches aux coûts faramineux interrogent.

Si les hommes ont toujours eu ce besoin d’élargir leurs territoires afin de prouver leur puissance, c’est désormais l’espace qui devient une terre à conquérir. Un des pères de la cosmonautique et scientifique russe, Constantin Tsiolkovski (1857 – 1935 ) a dit «  La Terre est le berceau de l’humanité, mais on ne passe pas sa vie dans un berceau »…et cela devient urgent si le berceau brûle.

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