accounbt
accounbt

La ville lumière a les pieds nus

4 mai 2017

Sorti grand vainqueur du palmarès CinéJeunes 2015-2016, dont le thème était Sans mot dire, Les Lumières de la ville a prouvé que le talent et les idées les plus belles du cinéma ne se périment pas. Le film de Charlie Chaplin passe à travers les décennies, en conservant intacts sa force comique et son pouvoir émotionnel. Il continue de faire rire, de faire pleurer et d’inspirer d’autres artistes. C’est notamment le cas du fameux tandem Fiona Gordon et Dominique Abel qui, dans leur dernier film Paris Pieds Nus, multiplie les clins d’œil au chef d’œuvre de 1931.

Dom, le personnage masculin principal est un SDF. Un vagabond comme l’on disait avant pour nommer les personnes qui n’ont pas de toit et qui vivent dans la rue. C’est ainsi que Charlot se surnomme et c’est ainsi qu’on le voit dans Les Lumières de la ville, dormant sur une statue ou sur un simple banc. Comme son nom l’indique, Paris Pieds Nus, se déroule dans la capitale française et notamment sur les quais de Seine. C’est là que Dom a planté sa tente pour dormir et c’est dans un lieu semblable que Charlot envisage de dormir avant de rencontrer le milliardaire. Les réalisateurs de Paris Pieds Nus ont même pris soin de tourner de nombreuses scènes près du Pont de Grenelle à Paris, là où une réplique de la statue de la liberté trône fièrement. Symbole des Etats-Unis et de ses villes immenses comme New-York, modernes et éclairées en permanence, cette statue crée un lien entre les deux villes et entre les deux films. Et si l’on ne voit pas la statue de la liberté dans Les Lumières de la ville, c’est qu’une autre nommée Paix et Prospérité prend sa place.

Dom, le vagabond.

Paris et les Etats-Unis réunis.

 

 

 

 

 

 

 

Plus fort encore ! Fiona Gordon et Dominique Abel ont recrée une scène des Lumières de la ville. En la réadaptant, en changeant des éléments, en y mettant leur imagination, ils ont repensé la scène du restaurant. Chez Chaplin, un milliardaire ivre invite Charlot à dîner. Peu habitué à de tel lieu, Charlot ne se comporte pas comme il le faudrait. Il ne met pas sa serviette au bon endroit, ne parvient pas à profiter d’un cigare et va jusqu’à toucher les fesses d’une dame pour éteindre le feu qui prenait sur sa robe… Nous retrouvons cela chez Dom : il n’est pas à sa place dans cette péniche restaurant. La preuve, on le place près des toilettes. Tous les deux sont inadaptés au restaurant. Mais tous les deux comptent bien profiter !  Cela signifie danser, avec une femme de préférence. La musique entre dans le corps de Dom comme dans celui de Charlot. L’envie de danser devient incontrôlable. Ils réussiront à leur manière. Charlot en faisant tourner une dame puis un serveur ; Dom en dansant une parfaite rumba avec Fiona sur le bateau mouche. Quelques minutes avant, Dom avait demandé à un serveur, portant lui aussi un plateau d’une seule main, de danser avec lui. Quel hasard ! Ces danses incontrôlées créent de sublimes numéros dans lesquels les corps font des prouesses. La musique, bien trop forte, obligent les autres clients à faire des secousses, comme s’ils avaient le hoquet. Déjà source de gags dans le film de Chaplin, lorsque Charlot avale un sifflet, le hoquet a été réinventé par Abel et Gordon.

Dom et Fiona dansent au restaurant !

Charlot danse avec un serveur.

 

 

 

 

 

 

 

 

Souvenez-vous des spaghettis que dévoraient Charlot en les confondant avec des serpentins !

Pensez maintenant à cette petite  fille qui est la seule à faire attention à Dom. Que mange-t-elle ? Des spaghettis ! Juste avant cela, un homme avait accroché ses fils électriques pour mettre la musique. Ces longs fils souples, ne rappellent-ils pas les serpentins ?

 

 

De nombreuses autres ressemblances existent entre Les Lumières de la ville et Paris Pieds Nus. Nous vous laissons le soin de les retrouver. Pour vous aider, ayez en tête ces éléments dans le film de Chaplin : l’un des personnages est aveugle, Charlot tombe amoureux et plusieurs fois dans l’eau, les fleurs jouent un rôle important tout comme la nourriture…

Et si vous avez aussi vu La Ruée vers l’or (1925), vous regarderez d’un autre œil les évènements qui arrivent quand s’ouvre la porte de la bibliothèque de Fiona, tout comme la danse des pieds entre Martha et Norman…

 

 

Ecrit par Alexandre Leloup